Microbiotes, les connaître, un atout santé ?

Depuis le livre de Giulia Enders « Le charme discret de l’intestin« , parler de l’intestin devient moins tabou. On entend de plus en plus parler de microbiotes. Faisons donc un point sur le sujet.

Le laboratoire PiLeJe, soutenu par l’IEDM (Institut Européen de Diététique et Micronutrition), fait une tournée de conférences dans 10 villes de France. Elles sont données par des médecins sur le thème « Ma santé passe par mes microbiotes » ouvertes à tous. D’ailleurs, j’ai pu assister à l’une d’entre elles.

 

Microbiotes, kézaco ?

Le microbiote, anciennement appelé flore (intestinale, buccale, etc.), est composé à 98% de bactéries, mais aussi de protozoaires, de virus, etc. Ces bactéries représenteraient 90% de la composition de notre organisme. Elles sont donc plus nombreuses que nos cellules. La grande majorité d’entre elles est bénéfique à notre santé et vivent en symbiose avec le reste de notre corps. Et pourtant, pendant longtemps, nous avons tenté de les éliminer.

Lorsqu’un déséquilibre se crée dans le microbiote, on appelle cela une dysbiose. Ces dernières seraient à l’origine de nombreuses pathologies ou simplement de certains symptômes.

Chaque individu possède un microbiote différent. Seules un tiers des bactéries sont communes à tous, ce qui induit l’existence d’un code bactérien que les scientifiques sont en train d’essayer d’interpréter. Le but est de rechercher si la présence de certaines bactéries peut prévenir ou, au contraire, déclencher une pathologie. C’est la métagénomie.

 

Les différents microbiotes
Livrets distribués à la conférence Ma santé passe par mes microbiotes
  • Microbiote intestinal : il s’agit du plus connu de tous. C’est également le plus important en terme de taille. On lui a découvert des rôles dans la digestion, le maintien de l’intégrité de la muqueuse intestinale, dans l’obésité et ses pathologies associées ainsi que dans la dépression.
  • Microbiote vaginal : celui-ci concerne les femmes. Il est très fragile et sous l’influence des hormones féminines : les œstrogènes. Sa dysbiose est à l’origine d’infections uro-génitales.
  • Microbiote cutané : c’est le deuxième plus important. Il est lié au microbiote intestinal et sert de barrière entre l’organisme et le monde extérieur. Une dysbiose de celui-ci peut entraîner l’acné, une dermatite, du psoriasis, etc.
  • Microbiote buccal : iI est constitué de près de 700 espèces de bactéries. S’il joue un rôle sur les caries, la mauvaise haleine ou les affections des gencives, il a également des retentissements plus étendus que la région de la bouche. En effet, les scientifiques ont remarqué un lien entre une dysbiose du microbiote buccal et les maladies cardio-vasculaires, pulmonaires et même la ployartrite rhumatoïde. L’équilibre de ce microbiote dépend grandement de votre hygiène bucco-dentaire.
  • Microbiote de la sphère ORL : il est encore peu connu. Des recherches commencent à être menées.

 

Les questions à l’ordre du jour
Scientifiques étudiant les microbiotes

La communauté scientifique a commencé la métagénomie depuis 2006. Les découvertes liées au microbiote ont entraîné la mise en route de très nombreuses recherches. En effet, les questions et les possibilités offertes sont infinies.

Une des bactéries impliquées, l’Akkermansia muciniphila aurait des effets sur l’obésité et la perte de poids. Elle est par conséquent en cours d’examen approfondi.

Des bactéries sont aussi sous le microscope pour déterminer si elles peuvent servir de « psychobiotiques » dans des cas de dépression ou autres affections psychologiques. D’autres recherches du même genre sont menées en allergologie.

Les scientifiques observent aussi les rôles de prébiotiques (alimentation des bactéries du microbiote) et probiotiques (souches de bactéries pour le microbiote) lors de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement. Ils regardent en outre le rôle de xénobiotique (qui protège des éléments extérieurs comme les métaux lourds, les pesticides, etc.) des différentes souches de bactéries.

Enfin, se pose la question de l’éthique lors d’opérations comme la greffe fécale. Si les résultats à court termes sont encourageants, ce n’est pas voué à devenir une technique courante. En effet, il est difficile de déterminer si le donneur ne possède que des bactéries bénéfiques pour le receveur. Quelles seraient les conséquences si le receveur développait une pathologie à cause de la greffe ? D’autres questions sont à élucider sur les personnes qui demandent leur microbiome, par exemple. Le génome n’est pas autorisé à être donné au patient en France, doit-on mettre en place la même loi pour le microbiome. Toutes ces questions devront trouver une réponse dans les années à venir.

 

Nous ne sommes qu’au début des découvertes autour des microbiotes, cela promet de belles perspectives à venir.

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